the knick 1.jpgSteven Soderbergh (Girlfriend Experience, Sexe, mensonges et vidéo) voulait tout arrêter: Hollywood, les contraintes, les délais trop longs, les budgets trop lourds… Puis il a été contaminé par le virus des séries. Un univers qui permet aux créateurs d’être presque seuls maîtres à bord et de développer leurs projets en un temps record (parfois une seule année de patience suffit).

Entre mai 2013 (l’annonce de son retrait « urbi et orbi ») et le lancement de The Knick sur Cinemax, petite cousine de la chaîne HBO, le 8 août 2014, il s’est déroulé à peine plus d’un an. Le rêve pour tout créateur impatient d’en découdre avec son récit. Il y a tellement pris goût que, contrairement à Scorsese, Fincher ou Shyamalan, tous trois arrivés du cinéma avant lui, Soderbergh ne s’est pas contenté d’imprimer sa patte sur le début de l’histoire, il a entièrement filmé les 10 épisodes de cette saison 1. Un récit qui se poursuit ce samedi à 20h30 sur Be Séries.

La volonté de repousser sans cesse les limites de la technicité et avec elle, la maladie et la mort, fait de The Knick, le digne ancêtre d’Urgences. Soderbergh y filme une troupe d’hommes en blanc dans le New York de 1900, accros aux poussées d’adrénaline et ayant une fâcheuse tendance à se croire tout puissants.

the knick 4.pngAvec Clive Owen en praticien aussi déterminé et créatif que solitaire et cocaïnomane, Jack Amiel et Michael Begler, les deux scénaristes, tiennent un héros solide à la Dr House. Autre époque, autres moeurs, ses ambitions sont parfaitement mises en lumière par sa confrontation avec le Dr Algernon Edwards (André Holland) à l’impressionnant CV. Son unique «défaut» ? Etre noir dans une nation qui ne jure que par la séparation des classes et des races.

Basée sur l’histoire vraie du docteur William Halsted et retraçant un grand nombre de découvertes de l’époque, la série mesure l’incroyable bond en avant vécu par la chirurgie vers 1900. L’intérêt historique est donc double avec le regard perçant porté sur les relations sociales dans cette jeune nation, vantée comme étant la terre de toutes les migrations. Et l’attention accordée aux circonstances qui ont vu émerger les nouvelles connaissances et pratiques qui ont enfanté l’hôpital moderne tel que nous le connaissons.

Bien sûr, qui dit réalisme et réalité historique sous-entend des images d’opérations franchement impressionnantes, dans une période caractérisée par des épidémies foudroyantes, une promiscuité et une misère chroniques et une saleté souvent repoussante.
Suivre les 10 épisodes de The Knick requiert donc une détermination certaine mais l’investissement sans faille de Clive Owen dans cette première expérience sérielle fait que le jeu en vaut clairement la chandelle.

D’autant que cette noirceur et cette violence des situations sont contrebalancées par l’élégance des costumes, la beauté des décors et de la lumière, la qualité de la narration. Une réalisation énergique que vient souligner une musique électronique (Cliff Martinez) venue du futur, pour mieux se jouer de l’influence des lieux et des époques, comme dans Peaky Blinders.

La saison 2 est attendue le 16 octobre prochain sur Cinemax. Et pour les plus impatients ou les fans, la saison 1 (avec un intéressant parcours en coulisses) vient d’être éditée en DVD et Blu-Ray par Warner.
KT