mad men final.jpgDimanche soir,
le rideau est définitivement tombé sur l’aventure Mad Men***.
Don Draper a fait ses adieux aux nombreux fans qui l’ont suivi, au fil de sept saisons, sur la chaîne AMC.

Don (Jonn Hamm), ce quadra au look ravageur qui, à quelques exceptions près (l’alcool, les cigarettes et les femmes), s’est toujours retrouvé là où on ne l’attendait pas, prenant un malin plaisir à déstabiliser ses interlocuteurs et ses nombreux admirateurs.

Si vous n’avez pas encore terminé le parcours en sa compagnie, évitez de lire ce qui suit…

Qui pourra dire qu’il avait prévu la scène finale de Mad Men ? Bien malins ceux qui, malgré tous les signaux avant-coureurs de chute inéluctable (inscrits jusqu’au coeur du générique), auront pu prévoir cette conclusion teintée de new age. On mentirait en disant qu’on imaginait Don finir son échappée belle de façon aussi décalée et retirée du tumulte du monde. D’abord incrédule, le téléspectateur aura sans doute eu envie de sourire voire même de se pincer en découvrant le célèbre publicitaire plongé en pleine méditation.

mad men final 1.jpgEn plaçant son héros dans cette situation inédite, Matthew Weiner, qui a dirigé lui-même l’épisode final de sa fresque intimiste et historique, a une nouvelle fois réussi à épouser les préoccupations de l’époque dépeinte: le début des années 70 et leur quête de sens et de renaissance.

«Ce n’est pas la fin, c’est le début d’une nouvelle ère» s’exclamait Don deux épisodes plus tôt, tentant désespérément de convaincre les employés de SCDP de l’impact positif du rachat de leur agence par le géant McCann-Erickson. Une réplique qui, on l’a réalisé dimanche soir, préfigurait le grand final de la série et a dû faire sourire (au sens propre comme au figuré) tant son créateur, au moment de l’écriture, que son acteur principal, au moment de la prononcer.

Au cours de cet ultime chapitre de la vie d’un seigneur de Madison Avenue, Don a d’abord vu son quotidien se dérober sous ses pieds avec l’annonce brutale de la maladie de son ex-femme Betty (January Jones) et la révélation que personne ne comptait vraiment sur lui pour prendre sa suite. Confronté aux ratés de sa vie et aux nombreux fantômes de son passé, via les rencontres qui ont jalonné sa traversée des Etats-Unis, Don/Dick laisse enfin tomber le masque. Se reconnaissant même dans la détresse d’un inconnu, après avoir parlé, une dernière fois, à sa complice de toujours la fidèle Peggy (Elizabeth Moss) restée en poste à New York.

Dans cet ultime épisode où chacun semble mad men final 2.jpgprendre son destin personnel et/ ou professionnel en mains (l’effrontée Sally, la rebelle Joan, l’ambitieuse Peggy, l’ex-jeune loup Pete Campbell et le renard argenté Roger Sterling), la place prise par le combiné noir est tout sauf anodine, préfigurant notre relation symptomatique et notre dépendance grandissante aux objets de «communication moderne».
La meilleure illustration en est donnée par Joan et Peggy, les deux mânes de l’ex-agence Sterling Cooper, deux femmes aux trajectoires exemplaires, meilleures alliées de l’énigmatique Mr Draper.

A travers ses échanges et ses dernières confessions, Matthew Weiner boucle la boucle, au terme de 92 épisodes enlevés. Facétieux, il nous déstabilise par une ultime pirouette: une publicité pour le célèbre soda au logo rouge et blanc qu’on jurerait tout droit sortie du cerveau du «nouveau» Don.
KT

mise à jour (20/05): Avec les replays, ce sont 4,6 millions de fans qui ont suivi l’épisode final de Mad Men aux Etats-Unis. C’est la troisième meilleure audience de l’histoire de la série, diffusée depuis 7 saisons (et 92 épisodes) sur la chaîne AMC.