rectify 21.jpgC’est l’un des bijoux de l’année 2013. Arte va en entamer la diffusion le 16 octobre prochain (les 6 épisodes de la saison 1) mais Sundance Channel, qui en est la productrice, a ouvert le tome 2 de Rectify*** formidable récit d’un retour parmi les hommes, jeudi soir à 21h. Soit dix nouveaux chapitres emplis de doutes, de questionnements et d’humanité.
 
Une histoire singulière et forte dont nous avons pu parler avec son interprète, lumineux, le comédien australo-canadien Aden Young. Invité du Festival de Monte-Carlo, il n’a pas caché la difficulté à se glisser dans la peau de Daniel Holden, ancien condamné, libéré après 19 années passées dans le couloir de la mort. 

«Tu es mon meilleur ami, Kerwin, mon seul ami. Tout est tellement compliqué là dehors, il y a tant de douleur et de haine. Et puis, je pense que je suis simplement brisé.» Cette confession de Daniel Holden à son ex-voisin de cellule résume bien la question qui reste centrale tout au long des deux premières saisons de Rectify (16 épisodes en tout).

rectify 3.jpegLes six épisodes de la saison 1 suivent, jour après jour, les premiers pas de Daniel, en tant qu’homme libre dans la petite ville de Paulie, Georgie. Un éblouissement mêlé d’hébétude «face à tous les changements intervenus autour de lui durant les 19 années de sa captivité» résume l’acteur Aden Young qui redonne vie de façon vibrante au personnage de Daniel Holden.

Blessé par l’animosité ambiante, constamment sur ses gardes, souvent désemparé, comment peut-il faire pour être à nouveau (relié) au monde ? «La question de la culpabilité ou de l’innocence de Holden a défini le quotidien de cette ville pendant des années, cela a entretenu la division entre les gens. Son retour est donc un choc, une nouvelle secousse pour cette communauté, avec ses hommes politiques, son shérif» explique Aden Young.

«Comment reprendre le fil de sa vie après l’avoir si longtemps mise en suspens? La question se pose pour Daniel mais aussi pour sa mère, si aimante et sa soeur si guerrière. Le combat juridique mené durant toutes ces années la laisse vide, que va-t-elle faire de tout ce temps à présent? D’autant que Daniel sort de prison en étant presque incapable de parler ou d’entrer en contact avec qui que ce soit. rectify s2.jpgIl est submergé par les sensations, les pensées, les stimuli qui l’entourent» poursuit l’acteur.

Amour, haine, jalousie, ressentiment, mal-être: le grand maëlstrom des sentiments humains est à l’oeuvre dans «Rectify». Une composante avec laquelle il n’a pas toujours été simple de composer.
«Je suis content du délai entre les tournages des deux saisons. Daniel est un personnage délicat, difficile à endosser, j’avais besoin de temps pour l’extraire de ma vie et le laisser un peu de côté.»

La peine de mort est un sujet qui suscite aussi beaucoup de controverses et de débats.
«
Oui. Il faut donc être très prudent quand on aborde la question de la place des condamnés dans notre société. Car des deux côtés, il y a une réalité très forte et une injustice potentielle. D’un côté, il y a le risque d’une personne innocente exécutée à tort, ou privée de liberté à vie, et de l’autre, la douleur et la tragédie d’une famille dont l’enfant a été violé ou tué sauvagement.
Quand on aborde ce sujet, il faut mesurer la fiction à l’aune de cette réalité. Et se poser la question, non pas en tant qu’acteur mais en tant qu’être humain: que ressentirais-je, s’il s’était agi de moi ? Finalement, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour y réfléchir car j’ai été choisi et huit jours après, on tournait. J’étais comme un étudiant dans les derniers jours avant un très gros examen: j’ai fait des recherches et j’ai lu bien plus que ce que je n’avais lu pendant des années: articles, livres, études de cas, erreurs judiciaires célèbres… Pour mieux comprendre la réalité psychologique que ces prisonniers affrontent.»

On aurait pu sous-titrer cette série «A la recherche du temps perdu» mais la référence aurait été trop écrasante. Pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit: la tentative de réajustement d’un être face à un monde qu’il ne comprend pas ou mal. Ce sont les souvenirs derrière lesquels il court qui rendent le parcours de Daniel aussi fébrile et captivant, aussi touchant aussi.
Qu’il navigue en pensée dans son passé de prisonnier ou qu’il tente de recoller les morceaux avec ses proches, comme dans la saison 2. Une famille durement touchée par ses 19 années d’absence, et surtout par la menace presque constante qui pesait au-dessus de la tête de Daniel tandis qu’il résidait dans le couloir de la mort.
KT, à Monte-Carlo

La saison 2 a démarré ce jeudi 9/10 à 21h sur Sundance Channel
La saison 1 sera proposée sur Arte du 16 au 30 octobre (pour voir le trailer, suivez le lien bleu)