La réputation sulfureuse des Borgia* n’est plus à faire. Victor Hugo s’en est chargé et de fort belle manière avec sa pièce de théâtre. Tom Fontana, qui avoue une passion de longue date pour les affaires de l’Eglise, n’a pas pu résister plus longtemps au désir de raconter leur histoire par le menu. Ce qu’il s’emploie à faire depuis la diffusion de la 1e saison de cette saga politique et familiale sur Canal+, en 2011.
« Je suis obsédé par cette histoire, cette figure du Pape, censé incarner le meilleur de l’humanité… Cela m’intéressait de voir que les meilleures intentions étaient portées par des gens qui n’étaient pas forcément les meilleurs. Je suis d’ascendance italienne et d’une famille catholique, c’est peut-être pour cela que je me suis senti capable de donner une idée de leur sensibilité. »
Tom Fontana s’est donc attaché à montrer « à quel point la Renaissance peut être reliée à notre époque, sur le plan individuel ou collectif. Une fois que l’on a défini de quoi on voulait parler, reste à voir comment, et cela passe toujours par les personnages: que pensent-ils ? Qu’aiment-ils ? Avec qui veulent-il coucher ? » Autant de réponses à découvrir dès ce vendredi à 20h45 sur Be séries.
Ce projet européen (Canal+, Atlantique Productions, Lagardère Entertainment, EOS Entertainment et Beta) ne doit pas être confondu avec “The Borgias” développé pour la chaîne Showtime, avec Jeremy Irons dans le rôle-titre. Une série concurrente qui a forcément freiné l’expansion des “Borgia” à l’international.
Vendue dans 50 pays (un joli score tout de même !), la fiction, emmenée par John Doman (photo), dans le rôle du patriarche Rodrigo Borgia, a cependant généré des taux d’audience impressionnants sur Canal+, mais aussi ailleurs en Europe (ZDF, Sky Italia, Canal+ Poland et Cosmopolitan TV en Espagne). Le projet était donc assuré de connaître une suite. Et même deux saisons supplémentaires comme son créateur, Tom Fontana (Oz), l’annonçait fin 2011.
Cette suite, la voici qui prend place ce soir à 20h45 sur Be séries. La saison 2 s’ouvre sur l’année 1494, huit mois après la mort de Juan, fils aîné du clan Borgia. Elle explore de nouvelles facettes de l’histoire de la puissante famille (batailles, intrigues d’alcôves et luttes de pouvoir) ainsi que la montée en puissance du prince Cesare Borgia (Mark Ryder). Elle s’intéressera aussi aux illustres personnages qui ont marqué cette période charnière entre Moyen Age et Renaissance : Niccolo Machiavelli, Leonardo da Vinci et Michelangelo.
Pour rappel, dans la saison 1**, on découvrait une Italie divisée en dix Etats, où la guerre entre Naples et Milan menaçait l’équilibre de Rome. La capitale elle-même est alors sous la coupe de trois familles qui se détestent copieusement : les Orsini, les Colonna et les Borgia. Chacune ambitionne de compter le futur pape dans ses rangs. Pouvoir, sexe et violence : on y retrouve le tiercé gagnant des séries historiques du moment. L’intérêt de “Borgia” est donc surtout historique car, sur la forme, les admirateurs de “Rome” et des “Tudor” ne pourront éluder une impression de “déjà-vu”.
Sur ce plan, rien n’a vraiment changé avec la saison 2. Et si la première saison proposait une magnifique intrigue avec l’épisode du conclave et de l’élection papale, il faut davantage de temps avant que la saison 2 ne parvienne à instiller son venin et ses dangers potentiels. La faute à des scènes souvent statiques et à des acteurs qui peinent à tourner dans une langue qui n’est pas la leur et manquent, dès lors, cruellement de charisme.
Dans “Borgia”, le soin apporté aux décors, aux costumes et à la lumière épate mais l’action, elle, peine parfois à s’incarner ou s’avère pesante.
Une exception : l’excellent John Doman (alias Alexandre VI, pape de 1492 à 1503) qui ne peut malheureusement être de tous les plans… La saison 2 voit la montée en puissance de son fils Cesare Borgia (Mark Ryder, photo) mais l’empilement des événements et une chronologie très (trop) marquée nuisent parfois à la fluidité du récit.
KT
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