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game of thrones 3b.jpgCe soir à 20h55, Be tv entame la 3e saison de Game of Thrones, l’une des séries les plus populaires du moment. Son lancement, le 31 mars dernier, a entraîné une nouvelle explosion de records en tous genres: audiences, téléchargements illégaux, tweets, etc. Un buzz que la chaîne HBO entretient avec soin puisqu’il est la clé du succès de sa série qui est aussi l’une des plus chères et des plus ambitieuses du moment.

Avec 5,5 millions de fidèles inscrits au compteur, ces deux derniers dimanche aux Etats-Unis (près de 7 millions, en comptant la rediffusion), la santé de Game of Thrones n’a jamais été aussi florissante. Bonne nouvelle pour HBO qui a misé gros sur cette nouvelle saison, lancée avec fracas il y a un mois et demi. On parle de 60 millions de dollars mobilisés, chiffre que la chaîne se refuse toutefois à confirmer.

Fruit d’une saga littéraire monumentale, le projet avait de quoi donner des sueurs froides aux producteurs les plus raisonnables. Univers épique impressionnant, la saga du Trône de fer pouvait même sembler difficilement adaptable pour le petit écran. Le récit de cette lutte intestine de pouvoir entre sept royaumes contrastés implique une démultiplication des lieux et des personnages, forcément spectaculaire: climats aux antipodes, déserts et mers gigantesques, forêts insondables, gouffres et murs infranchissables, diversité des moeurs et des peuples, croyances, divinités, donjons, dragons et même morts-vivants…

Dans une précédente note, nous avons d’ailleurs évoqué les coulisses et la préparation de cette 3e saison. Difficile d’imaginer univers plus foisonnant que celui de GoT. Mais grâce au soutien indéfectible de son créateur originel, George R.R. Martin, et à la foi inébranlable de ses re-créateurs D.B. Weiss et David Benioff, le pari est relevé haut la main. Si l’on en croit la horde de fans qui avaient déjà dévoré les épais volumes de cette nouvelle bible d’epic fantasy. (cf. note précédente)

game of thrones saison 3.jpgLa grande réussite d’HBO est donc d’être parvenue à rallier à la cause de GoT des millions de fans qui, au départ, en étaient parfaitement éloignés. Pourtant, certain irréductibles résistent encore… et on ne parle pas de ceux qui n’auraient pas encore eu vent de l’affaire.

Tout en saluant la qualité des décors, l’impressionnante galerie de personnages, l’inventivité, le sens du récit et le goût du risque de Game of Thrones (la première saison voit en effet la mise à mort de l’un des personnages les plus emblématiques et les plus admirés de tout Westeros), certains reproches peuvent lui être adressés.

Malgré un univers incroyablement développé et des ambitions cinématographiques affichées, les deux précédentes saisons n’ont pas pu empêcher quelques tics de réalisation de transparaître. Aussi spectaculaire et créative soit-elle, «Game of Thrones» a donc aussi des défauts. En voici la liste (non exhaustive) établie au péril de notre vie… car on sait ses partisans plutôt chatouilleux sur le sujet. Ames sensibles s’abstenir, donc.

  • Le cahier des charges solidement formaté de cette bataille d’egos qui vise, in fine, à conquérir le pouvoir suprême. Il y a dans tout ceci, une succession de luttes intestines et de batailles rangées un tantinet systématique. Et l’on sent bien que la plupart des épisodes sont bâtis sur l’attente (lassante?) de cette confrontation «imminente». On le sait: « le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument » mais il semblerait que la série ait décidé d’en apporter la preuve compulsivement.

  • Sombre et violente, la saga est, bien sûr, le reflet de son époque (un Moyen Age européen fantasmé et transposé) et des sanglantes batailles de pouvoir qu’elle a(urait) pu engendrer. Mais il faut bien lui reconnaître, aussi, une certaine complaisance dans la manifestation de cette cruauté, voire même d’une barbarie certaine lorsqu’elle se manifeste à l’égard des plus faibles (femmes, prostituées, enfants).

  • Qui dit distribution pléthorique dit forcément frustration énorme lorsqu’il s’agit de suivre les démêlés de chaque protagoniste perdu aux confins du Royaume. Résultat: on regrette de voir disparaitre, durant des épisodes entiers, certains personnage-clés au profit d’autres en pleine ascension tandis qu’on peine à s’attacher aux plus infâmes voire aux plus transparents d’entre eux.

  • Le sexe ayant toujours été un instrument de pouvoir et d’alliance, l’abus de celui-ci, comme arme de soumission ou de vengeance, semble y être tout aussi fortement recommandé.

  • Sorcières, intrigantes, jouvencelles ou conquérants, les femmes ont rarement le beau rôle dans cette saga, mais au regard des cataclysmes qui frappent leur contemporains, on hésite à établir une échelle du pire. Seules exceptions à la règle (mais à quel prix ?): la jeune Arya Stark déguisée en manant pour tenter d’échapper à ses poursuivants afin de venger son père et de rendre le pouvoir à sa famille; et Daenerys Targaryen, jadis vendue à un roi colossal et sauvage, en passe de devenir une reine crainte et respectée, grâce à son armée d’esclaves (au coeur de cette 3e saison) et à ses dragons.

  • «Vous qui entrez ici, perdez tout espoir» pourrait être inscrit au fronton de ce monde qui semble menacé par d’immenses tourments, au Nord comme au Sud. Sans même songer aux rivalités des multiples familles en présence, la menace de l’hiver meurtrier («Winter is coming ») et des White Walkers opposée à celle de la destruction par le feu – manié par Daenerys et ses dragons -, rend toutes ces luttes parfaitement stériles et même désespérantes. Autant de reflets de notre société en crise ?

    Sexe, violence et pouvoir ont toujours fait partie intégrante des recettes les plus attirantes et addictives pour le grand public (cf. les exemples précédents des séries « Rome », « Tudor » et « Borgia »), il n’est donc pas étonnant que « Game of Thrones », malgré un univers unique en son genre, y ait recours pour asseoir son aura…   
    KT

    nb: besoin d’un petit aide-mémoire avant de replonger dans le bain (si ce n’est déjà fait)? La note présentant la saison 2 se trouve ici et le précieux résumé en images se niche .