Pour la comédienne, primée à 61 ans pour son rôle dans la série « The White Lotus », ce nouveau sacre ressemble étrangement à un prolongement de « La Revanche d’une blonde ».
« Merci, merci, merci. Grâce à ce rôle, mes voisins me parlent, je suis invitée aux barbecues de mon quartier sur la colline… Les gens savent enfin ce que je fais et qui je suis. »
En disant cela sur scène, le 11 janvier dernier, Jennifer Coolidge a provoqué l’hilarité générale. Un rire qui, par moments, avait tendance à se coincer dans certains gosiers. Car ce sacre aux Golden Globes, à 61 ans, avait aussi un côté fondamentalement déprimant et cruel. Combien de rôles obscurs et de boulots ingrats pour en arriver là ? Son parcours en dents de scie – jalonné de nombreuses petites comédies et de petits rôles dans des séries – la comédienne n’a pas hésité à le retracer face à un parterre de stars.
Mélange d’émotion et d’humour grinçant, son discours de remerciement est resté gravé dans les annales pour ce qu’il souligne du sort réservé par Hollywood aux actrices de plus de 45 ou 50 ans. Particulièrement si leur physique ou leurs origines ne leur ont jamais permis de prétendre à des rôles de premier plan. Et c’est bien ce qu’a rappelé l’actrice en remerciant nommément les créateurs Ryan Murphy et Mike White qui l’ont toujours suivie.
Cette spontanéité et cette désarmante honnêteté, matinée d’une ironie cinglante, sont la marque de fabrique de son personnage dans la série The White Lotus, produite par HBO. Avec ses allures et sa garde-robe de diva, ses rondeurs assumées et son franc parler, Jennifer Coolidge a imposé un personnage flamboyant et extrêmement touchant que même les clients les plus snobs des resorts revisités par la série se plaisent à inviter et à fréquenter. Une femme bigger than life dont l’attitude, pétrie d’incertitudes et d’émotions, tranche avec les rapports humains souvent dévoyés des vacanciers désoeuvrés au centre de cette chronique douce-amère, dont la saison 3 est attendue en 2025.
Devenue presque une égérie dans ce rôle tout en nuances et en fragilités, imaginé par Mike White, l’épatante Jennifer Coolidge vient à nouveau d’être distinguée.
Dotée du statut d’icône dans le classement des 100 personnalités les plus influentes du Time, l’actrice, née à Boston et découverte dans la comédie American Pie en 1999, prouve qu’en matière d’art et de talent tout vient à point à qui sait attendre (et persévérer)…
Une reconnaissance tardive qui n’est pas sans rappeler celle de la comédienne, d’origine malaisienne Michelle Yeoh, Oscarisée pour la toute première fois de sa carrière, en 2022, à l’âge de 60 ans, pour son rôle dans le film Everything Everywhere all at once signé par Daniel Kwan et Daniel Scheinert.
Karin Tshidimba
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